L’enthousiasme pour la participation citoyenne et la volonté de transparence s’étendent progressivement à travers le monde. CitizenLab accompagne cette vague démocratique, et se lance au Chili !

CitizenLab est présent en Amérique Latine depuis cet été. Qui sont nos partenaires, et quelles sont leurs motivations ? Quel est le contexte politique chilien ? Et quels sont les projets à avoir déjà vu le jour ? Suivez le guide.

Nos partenaires locaux au Chili

Pablo Valenzuela et Magdalena Gatica Monteiro sont en charge du développement au Chili. Ils connaissent tous deux bien le terrain et ont de l’expérience dans la participation citoyenne à l’échelle locale.

Je suis un avocat passionné par l’élaboration de solutions collectives aux défis tels que l’égalité, la justice sociale et le bien-être pour tous“, explique ainsi Pablo Valenzuela. Pablo travaille sur des projets sociaux depuis plus de 15 ans et a soutenu des groupes indigènes, des jeunes vulnérables et de nombreux autres groupes marginalisés.

En étant confronté à de tels défis sociaux, Pablo a observé que bien souvent les injustices sont liées à une répartition inégale du pouvoir. Il explique donc que pour rééquilibrer les forces, il est nécessaire d’analyser qui prend les décisions et comment elles sont prises : “Dès le début, j’ai compris que, pour relever les défis sociaux et évoluer en tant que société, la question du pouvoir et de la participation est fondamentale“.

Après avoir participé à des projets d’engagement citoyen, il est également apparu à Pablo que les technologies utilisées par les municipalités étaient dépassées et inefficaces, ce qui avait un impact négatif sur la transparence du processus démocratique et l’engouement des citoyens . Il s’est donc associé à Magdalena pour développer un outil permettant de rationaliser la participation citoyenne. En essayant de définir l’outil, ils l’ont appelé “adengun”, ce qui signifie “rencontre des routes” en langue indigène mapuche. C’est en se renseignant sur les solutions disponibles qu’ils ont trouvé CitizenLab.

Contexte historique

Entre 1973 et (environ) 1990, le Chili a connu la dictature militaire d’Augusto Pinochet. Comme dans la plupart des régimes autoritaires, le pouvoir était fortement centralisé et toute velléité de changement rapidement étouffée. Au cours de ces années la participation citoyenne n’a existé que de façon très marginale.

Après le référendum en 1988 qui a mis fin au régime de Pinochet, le pays a connu un gouvernement démocratiquement élu composé d’une coalition de centre-gauche, Concertation. Bien que la dictature aie pris fin, l’héritage de Pinochet est resté relativement intact pendant encore plusieurs années, et les barrières à la démocratie mises en place par le régime autoritaire ont continué à bloquer la participation citoyenne et l’innovation démocratique.

En 2010, le pouvoir a été transféré à la coalition de centre-droit Alianza. Peu de temps après, un mouvement étudiant a lancé une vague de contestation appelant le gouvernement à rendre le système éducatif plus juste et plus équitable. Les manifestations ont pris de l’ampleur et les revendications se sont rapidement étendues à d’autres domaines, forçant le gouvernement à prendre en compte la voix de ses citoyens. En 2011, la participation citoyenne a finalement trouvé sa place dans la loi chilienne et les conseils municipaux ont officiellement commencé à intégrer les retours des citoyens dans l’élaboration de politiques publiques.

L’essor démocratique au Chili

Avec la réélection de Concertación en 2014, l’innovation démocratique a connu un véritable renouvellement. Ce nouveau gouvernement, dirigé par la présidente Bachelet, a activement promu la participation citoyenne, a collaboré avec diverses parties (telles que les organisations de la société civile) et a lancé des innovations telles que des budgets participatifs à l’échelle municipale.

Quelques chiffres sur la participation au Chili: en 2017, on dénombrait 2,436 initiatives de participation citoyennes et plus de 9 millions de participation, soit la moitié des 19 millions d’habitants du pays !

Il reste bien sûr encore un long chemin à parcourir. Pour construire une véritable démocratie, le gouvernement chilien doit continuer à placer la participation et l’inclusion des citoyens au premier rang de ses priorités. Au cours des dernières années, il est cependant devenu évident que le Chili est un pays en pleine renaissance démocratique. C’est donc le moment pour CitizenLab d’unir nos forces à celles de partenaires locaux afin de participer à l’essor de la démocratie numérique.

Il existe des différences intéressantes la technologie civique en Europe et en Amérique du Sud. “Je crois que les deux continents ont les bonnes personnes, les bonnes initiatives et les bons projets. Mais en Amérique du Sud, nous devons travailler plus fort pour convaincre les dirigeants que l’introduction de la technologie dans la gouvernance n’est pas seulement précieuse, mais fondamentale“, explique ainsi Pablo. Alors que l’utilisation d’outils de démocratie numérique ou civictech se généralise progressivement en Europe, le Chili et l’Amérique du Sud ont encore plus de potentiel de croissance.

Premiers projets en Amérique du Sud

Depuis le lancement official de Chili, trois plateformes citoyennes ont déjà vu le jour. Nous collaborons actuellement avec une commune de Santiago, avec l’Institut national de la jeunesse, et avec un groupe d’ONG en charge des programmes sociaux dans la région métropolitaine du Chili.

Peñalolén, une commune multiculturelle de la capitale

La commune de Peñalolén

Peñalolén est une commune de la capitale chilienne de Santiago. Connue pour être une ville vivante et multiculturelle qui mélange tous les différents groupes socio-économiques du Chili, elle compte plus de 200.000 habitants. Par le passé, la ville de Peñalolén avait déjà consulté ses citoyens sur le sujet du bien être des personnes âgées et lancé un recueil d’idées innovantes pour la ville. Le premier projet lancé sur la plateforme de CitizenLab est un budget participatif.

Injuv, Institut national de la jeunesse

CitizenLab Chile collabore avec l’Institut national de la jeunesse pour donner une voix aux jeunes à travers le Chili. L’organisation utilise la plateforme pour recueillir leurs idées pour améliorer les villes et régions où ils vivent.
Depuis son lancement, la plateforme a attiré plus de 5,000 participants.

Conectados, un regroupement d’ONGs

Conectados est plateforme de participation initiée par un groupe d’ONGs. Ces organisations reçoivent des financements de la part de sociétés minières afin de développer des programmes sociaux dans 8 communes chiliennes. La plateforme recueille actuellement les idées des habitants locaux sur la manière d’améliorer ces programmes.

L’une des barrières du projet est qu’il est difficile de faire participer des habitants qui n’ont ni ordinateur, ni accès à internet : certains des citoyens concernés par ce projet vivent dans des zones isolées ou dans des milieux où la culture numérique est très faible. Les ONGs utilisent donc le projet pour former ces habitants au maniement d’outils numériques.

L’avenir de la participation citoyenne au Chili

Le contexte politique et social au Chili est très différent de celui des pays dans lesquels CitizenLab est déjà présent, où la démocratie numérique est souvent bien implantée. Il sera intéressant de voir comment la mise en œuvre de la participation citoyenne numérique et l’inclusion des différentes couches de la société évolueront au cours des prochaines années.

Au cours des cinq prochaines années, nous voulons que CitizenLab soit le principal outil de démocratie numérique et de technologie civique dans la région“, déclare Pablo. “L’Amérique du Sud est un continent incroyable qui, en plus d’un Brésil géant et amical, est uni par une langue commune et des traditions culturelles similaires. Je crois fermement que l’expansion en Amérique latine sera un grand succès, tout simplement parce que c’est nécessaire.

N’hésitez pas à contacter Pablo & Magdalena pour plus d’informations sur CitizenLab, maintenant disponible en espagnol.