La confiance est une question centrale lors de la mise en place d’une plateforme de participation citoyenne. Comment créer ce lien avec les citoyens ?

Nous vivons aujourd’hui à l’époque du doute. La protection de la vie privée en ligne n’est plus qu’un concept vague, les fake news se répandent toujours plus rapidement et la confiance des citoyens dans leur gouvernement semble diminuer chaque jour. Dans ce contexte, l’introduction d’une plate-forme en ligne peut soulever de nombreuses questions parmi les citoyens. Pour quoi faire ? Comment seront utilisées les données ? Et quelle différence est-ce que cela peut faire ?

Prenons l’exemple du Grand Débat. Cette concertation nationale, lancée suite au mouvement de contestation des gilets jaunes, a été destinée à recueillir les opinions du public sur quatre sujets. L’enthousiasme initial pour le projet (près de deux millions de citoyens ont donné leur avis sur la démocratie et la citoyenneté, les impôts et les dépenses publiques, l’énergie verte et les services publics) a vite fait place au désenchantement. Après le difficile traitement des données et le manque de résultats visibles et immédiats, le Grand Débat a été perçu par beaucoup comme un jeu politique mené sans véritable intention de changement.

Afin de combattre ce découragement apparent, il est essentiel de rassurer les citoyens de la valeur de la participation et de l’impact que leur voix peut avoir. Voici quelques conseils utiles pour encourager les citoyens à se mobiliser et à participer sur une plateforme en ligne, récoltés auprès des 100 villes, communes et gouvernements auprès desquels CitizenLab travaille.

1. Communiquer de façon claire et transparente.

Fixer des règles claires, donner un objectif final et communiquer de façon transparente sur les critères de sélection des idées permet de cadrer et d’apaiser le débat. Quand il y a un clair objectif final identifié, il est également plus facile pour les citoyens de comprendre la valeur de leur participation et de s’engager dans le projet. Les idées principales auxquelles il est important de répondre sont les suivantes :

  • Quel est le but de ce projet ?
  • A qui s’adresse-t-il ?
  • Comment les contributions seront-t-elles utilisées ?
  • Sur quels critères se fait la sélection des idées ?
  • Comment les idées seront-elles mises en œuvre ?

En plus d’avoir des messages clairs et transparents, il est également important que les citoyens puissent identifier d’où viennent ces messages. Les plates-formes CitizenLab sont toutes en marque blanche, ce qui signifie que l’identité visuelle de CitizenLab disparaît entièrement sous celle de la ville ou de la municipalité en question.

Plateforme citoyenne de la ville de Rueil-Malmaison, adaptée au language visuel et aux couleurs de la ville

2. Présenter des exemples de réussite.

Présenter des projets réussis dans des contextes similaires au sien peut aider à prouver la nécessité et la faisabilité du projet. Cela vaut pour les citoyens, mais aussi pour les équipes internes dont il est essentiel de gagner le soutien. Ces exemples peuvent être mis en avant dans les réunions de présentation du projet, dans les communications officielles et également sur le site de la ville ou commune.

Très souvent, la réticence à faire confiance à une plateforme de participation en ligne vient du fait que le projet soit simplement trop abstrait. Partager des exemples concrets dans des lieux connus aide à rendre le processus plus tangible pour les citoyens et à augmenter la volonté de s’impliquer dans le projet.

3. Travailler avec les partenaires locaux.

Tous les citoyens ne sont pas prêts à engager un dialogue avec le gouvernement. Collaborer avec les différents acteurs et représentants locaux permet non seulement de diffuser un message et d’atteindre un public plus diversifié, mais aussi de donner plus de légitimité au projet. Communiquez avec les organisations locales, les associations de quartier ou les petites entreprises de votre communauté. Leur appui peut rendre le réseau de soutien du projet encore plus solide.

4. Prendre la vie privée au sérieux.

La protection de la vie privée, les données des citoyens et la propriété des données sont des sujets sensibles qu’il convient prendre au sérieux. Quand des données personnelles sont demandées sur la plateforme, il est important d’expliquer pourquoi elles sont requises et comment elles seront utilisées.

Sur les plateformes CitizenLab, nous avons fait en sorte que les citoyens puissent facilement trouver la politique de confidentialité et les termes et conditions afin qu’ils sachent exactement ce à quoi ils consentent. Les données recueillies sur la plateforme appartiennent aux villes et aux communes, et leur usage est limité à des fins de recherche.

5. Faire de la participation un évènement récurrent.

Quand une plateforme de participation est mise en place dans une ville ou commune pour la première fois, il est possible que les citoyens aient des questions ou des doutes sur son utilité. Une fois que le projet est implémenté et que les résultats commencent à être mis en oeuvre, ces doutes s’estompent progressivement. En multipliant les projets de participation citoyenne, les gouvernements locaux créent un système qui aide à renforcer la légitimité du processus démocratique. Ce développement n’aide pas seulement à renforcer la volonté d’engagement citoyen : il a également des effets bénéfiques sur la confiance envers le gouvernement, le soutien pour les décisions politiques, et même le paiement des impôts*.

Nous avons vu ce phénomène à l’oeuvre dans les villes de Courtrai et Marche-en-Famenne. Dans ces deux cas, les administrations locales ont intégré les projets de participation dans des campagnes de plus grande envergure, ont offert des cycles de participation récurrents et ont ainsi enregistré des taux de participation record.

Vous souhaitez mettre en place une plateforme de participation ? Contactez-nous dès aujourd’hui pour voir à quoi pourrait ressembler la participation dans votre ville !

*source: WorldBank via DemocracySpot

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