En 2016, le New Africa Magazine la plaçait dans le top 100 des “Africains les plus influents”. Trois ans plus tard, en 2019, elle faisait partie des “100 femmes les plus inspirantes et les plus influentes” selon la BBC. Voici Nanjira Sambuli.

Chercheuse, analyste politique et défenseure des droits de l’homme, Nanjira Sambuli est le troisième portrait de notre série Pioneers, qui met en lumière les profils clés du domaine de la démocratie numérique. (Vous avez manqué les dernier ? Retrouvez nos profils d’Audrey Tang et de Beth Simone Noveck).

Les travaux de Sambuli se concentrent sur l’impact de la technologie sur la gouvernance, les médias, l’entreprenariat, la culture et le genre dans son Kenya natal et dans la région plus large de l’Afrique de l’Est. Elle effectue également un travail de prospection, en essayant de repérer les nouvelles technologies numériques ou les dynamiques émergentes à l’horizon. Nanjira Sambuli se place à l’intersection de la technologie, de la politique et de la gouvernance mondiale, et pense que cet espace mérite une plus grande attention : “La politique repousse beaucoup de monde. (…) Il faut cependant répéter que le fait de ne pas s’engager – ou pire, d’ignorer – l’impact de la technologie sur la politique est un danger“.

Multi-talents

Au cours des dernières années, Nanjira a revêtu de de nombreuses casquettes. Elle a fait ses premiers pas dans le domaine des technologies civiques en tant que responsable de la recherche à l’iHub à Nairobi, une communauté de soutien aux entrepreneurs axés sur les TIC. Elle a fourni des conseils stratégiques pour la croissance et la recherche en matière d’innovation technologique en Afrique de l’Est, et a contribué à la recherche et au développement des connaissances pour construire l’écosystème technologique africain. Cela a conduit à l’élaboration d’un cadre pour accéder à la viabilité et à la vérification du crowdsourcing en ligne, et au lancement d’Umati, une plateforme pionnière qui utilise l’intelligence artificielle pour détecter les discours haineux en ligne. En plus de générer une large couverture médiatique et d’attirer l’attention des universitaires, le Projet Umati a “développé la plus grande base de données de discours de haine d’un pays à ce jour (plus de 6 600 incidents)”.

Nanjira a ensuite continué à promouvoir l’égalité numérique dans l’accès et l’utilisation d’Internet à la World Wide Web Foundation, en se concentrant sur le travail de la Fondation sur les droits des femmes en ligne. Ce projet vise à renforcer l’autonomie des femmes dans le domaine numérique en réformant les politiques et les réglementations et en comblant le fossé numérique entre les sexes.

Nanjira Sambuli fait partie de la Commission “Governing Health Futures 2030” du Financial Times Global Commission et elle fait partie du conseil consultatif du DFID, le département pour le développement international du gouvernement britannique. Elle conseille également l’initiative de la “Triple A Affirmative Action for Algorithms” de Women@TheTable sur la discrimination positive dans les algorithmes ainsi que le projet du Forum économique mondial sur la préparation de la société civile à la quatrième révolution industrielle. Récemment, elle a également été membre du groupe de réflexion sur la coopération numérique du Secrétaire général des Nations unies (2018-19).

Chercheuse et activiste

En plus de faire des recherches et de partager ses connaissances avec le monde entier de toutes les manières possibles, Nanjira est aussi une fervente activiste. Dans la campagne #SayNoToManelsKE, elle a condamné l’écrasante majorité des panels entièrement masculins, ou “manels”. Parce que “les arguments fallacieux selon lesquels il n’y a pas de femmes qualifiées ou désireuses de se présenter sont souvent utilisés pour perpétuer et justifier les manels“, Nanjira s’est associée à un autre militant kenyan, Ory Okolloh, pour constituer une base de données d’expertes dans différents secteurs. Cette base de données est ouverte et accessible à tous, et continue de contester l’omniprésence des manels dans tout le pays. Parmi d’autres projets, Nanjira est également impliquée dans Mzalendo, une entité qui garde un œil sur le parlement kenyan et vise à faciliter la participation aux processus parlementaire

“L’Afrique n’est pas pauvre, elle est mal gérée. Les conteurs, les universitaires, les habitants et les citoyens de l’Afrique se connectent avec le monde et l’éduquent sur les merveilles qui composent ce continent.”

Nanjira Sambuli

Nanjira Sambuli est une force inépuisable pour l’égalité et la justice. Son travail a un impact positif sur pour son Kenya natal, la région de l’Afrique de l’Est et tout le Twitterverse. Elle ne se contente pas de réclamer une place à la table des négociations : elle veille à ce que de nouvelles tables soient construites, garantissant ainsi un monde plus égalitaire pour tous.

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